Découvertes lors d'une expo au Lazy Dog, Le Quartier Général, collectif de jumelles Delphine et Elodie Chevalme sont deux artistes revisitant l'art street et tradi. Quatres mains, des bics, des feutres et beaucoup d'énergie... Rencontre.
Le Quartier Général, qui êtes-vous ?
Le Quartier Général c'est Élodie et Delphine Chevalme, sœurs jumelles dans la vie et dans le travail, passionnées depuis leur enfance par le dessin.
Cette même passion nous a réunie dans notre profession, à la fois artistes, graphistes et illustratrices à deux mains.
L'histoire du nom est un peu un roman fleuve !
Quand nous étions étudiantes, nous avions choisi un pseudo "la Brigade du bon goût" pour signer nos travaux communs. Au terme de nos études, nous faisons le choix d'êtres indépendantes et décidons de former une équipe de créatifs. En plus de nous deux, trois amis nous rejoignent. Il nous faut alors un nom pour désigner la formation à cinq. "La brigade du bon goût" ne fait pas l'unanimité - pas assez sérieux à nos yeux, nous tranchons pour Le Quartier Général. La mise en place est longue, laborieuse, certains perdent patience et se dirigent vers le salariat. Le groupe de cinq devient trois, nous commençons à travailler pour nos premiers clients en freelance. Travailler entre deux sœurs ne fonctionne pas si bien. Quelque temps après ces débuts, nous revenons à deux, et conservons ce nom avec lequel nous avions commencé à signer.
Quelques années ont passé, nous commençons à vouloir affirmer notre identité véritable et à assumer notre nom de famille... Nous signerons "Les sœurs Chevalme" dorénavant (en précisant 'Le Quartier Général' car c'est sous ce nom que nous sommes connues)!
Vous avez un style graphique très affirmé. Parlez-nous de votre univers ?
Nous avons toujours regardé ailleurs, hors de l'histoire de l'art que nous avons apprise sur les bancs de l'école et aussi hors de nos frontières - pas seulement celles de la France, celles de l'occident bien sûr.
Nous nous sommes rapidement intéressées à l'art populaire ; vaste champs qui englobe tellement de pratiques. L'art populaire, un art spontané qui s'affiche dans les rues, sur les enseignes, sans commissaire d'exposition mais qui s'expose dans nos musées et nos galeries.
Nous pensons à Chéri Samba, ce peintre haut en couleur, qui suspendait ces toiles dans les arbres afin qu'on les voit mieux et qui pour sa première exposition en Europe s'était écrié, 'Enfin, après tout ce temps... Ce sont donc ces cultures qui nous ont nourries avec en toile de fond la culture que l'on nous a enseigné.
Des thématiques récurrentes, un savoir-faire et une réflexion sous-tendant chaque projet - voici notre manière de travailler. Autant artistes qu'artisantes, c'est comme cela que notre travail s'équilibre.
On a pu apprécier vos travaux exposés au Lazy Dog comment l'opportunité s'est présentée ?
Lazy Dog, on a frappé à la porte de cette galerie il y a plus de 5 ans maintenant. On se voyait régulièrement pour lui présenter des projets, des avancés de travaux (il fait partie des rares personnes à connaître certains projets jamais présentés publiquement) et l'’année dernière, nous avons concrétisé une exposition ensemble. Enfin, dirions-nous!
Pas mal d'artistes rêveraient d'être exposés au Lazy Dog, on doit s'attendre à vous voir dans la presse branchée comme le Wad ou le Be Street ?
Pour tout dire, l'exposition à Lazy Dog était une belle opportunité, mais depuis, nous avons aussi eu l'occasion de participer à des événements d'envergure artistique plus importante comme le 51ème Salon de Montrouge, qui nous a offert un espace et une visibilité énorme. Pour autant, on ne cherche pas non plus à exister dans un milieu branché, c'est la qualité de nos projets et la manière dont on les montre qui prime.
Quand on fait le tour de vos travaux, le plus frappant est une forte représentation du milieu Hip-Hop /Bboys, avez-vous déjà laissé le papier pour les murs de Paris ?
Le hip hop a été le point de départ du projet de dessins "Papiers ordinaires", sans doute parce qu'en tant que graphistes évoluant dans l'événementiel, on a beaucoup illustré d'artistes du milieu (Pete Rock, Afrika Bambaataa, Blackmoon,Guru, Slum Village...).
Actuellement, on ne traite plus vraiment du hip hop, on travaille d'avantage sur des problématiques sociales, à travers la grande question des identités du métissage.
Si la première série "les Bouboys" traitait des résurgences africaines dans le hip hop, la deuxième série "los Corazonegros" s'intéresse à la communauté afro-péruvienne, tandis que la troisième série "Zistwar dé France" aborde les identités nationales en France.
Cette dernière est en cours, on y travaille d'arrache-pied depuis le mois de mai. Cette fois-ci, on fait un retour sur la peinture française du 19ème siècle, en regard de notre société contemporaine.
Enfermées dans notre atelier, on ne laisse pas de traces sur les murs parisiens. On a toujours beaucoup regardé les arts urbains, sans avoir une réelle pratique. À de rares exceptions, on s'est mis en scène dans les rues.... Récemment dans le cadre du festival Artaq, nous avons eu carte blanche pour relooker une vitrine des Galeries Lafayette d'Angers.
Les filles, c'est quoi votre look ? Que pensez-vous des tendances Mode uniforme d'aujourd'hui ?
Même si on est jumelles, pour autant chacune a son look. Delphine alterne entre des vêtements classiques (pantalon pincé, petites robes, chaussures à talons) et des accessoires plus personnels (motifs Burberry, boucles d'oreille ethnique, bracelets perlés, lunettes). C'est un peu la parisienne colorée.
Elodie est habillée plus détendue et un peu plus extravagant. Elle mélange d'avantage les couleurs et les motifs, toujours avec des accessoires, colliers à perle, béret ou chapeau, bracelet, chaussures en wax et quelques tatouages.
Globalement, on fait très attention à la manière dont on se vêtit. Après, on ne suit pas vraiment la mode, mais par contre en étant à Paris, on ressent beaucoup les tendances, rien qu'en observant les gens ou les vitrines.
Enfin, quels sont vos projets futurs, une exposition de prévue ?
Nous exposerons le projet 'Papiers Ordinaires', plutôt sur la dernière série, à partir du 28 octobre à la Galerie JM (rue Biot dans le 17ème). Vernissage le 28 octobre à 18h30 !
Et en janvier 2012, dans la grande Galerie l'Escale située à Levallois-Perret.
Elodie et Delphine participe également au projet de Dishes Artworks, bureau de design textile.
Retrouver le Quartier Général sur les liens suivants :
Le Site, ici.
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