14 décembre 2012
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Le bourgeois branché se radicalise. C'est du moins l'avis du cabinet Martine Leherpeur, spécialiste des tendances, qui a isolé trois nouveaux profils naissants. Partant du principe que le bobo que l'on a connu, "trop de cool bohème négligé chic, trop d'Isabel Marant, trop de jeans APC élimés" auraient, toujours selon l'agence, lassé les "trendsetters". Et c'est donc vers des univers plus tranchés que les branchés se tourneraient. Les équipes du bureau Martine Leherpeur ont ainsi isolé trois profils de néo-bourgeois qui ont été surnommés les bomos, les bolélés et enfin les cosbos.
À gauche, silhouette Carven, icône "Bomo", à droite, silhouette Céline, icône Cosbo selon le cabinet Martine Leherpeur\. Photo Pixelformula\. Le "bomo" tient lui son nom de "bo-moche". Le parti-pris de cette tribu de 25-35 ans: prendre le contre-pied des codes esthétiques, mettre de l'incongru, du mauvais goût, du kitsch. En découlent des looks surranés, des "mamiseries", du plissé soleil, des cols en hermine, des pièces faussement empruntées à mamie pour un look anti-glamour, surtout pas près du corps. Toutes chaussettes dehors, les bomos affectionnent les mailles jacquard animalier premier degré, la décoration poterie, tapisserie, cannage et rotin. "Ils ont remis au goût du jour la casquette, le sac à dos esprit Carven, une de leurs marques chouchoutes, commente Bénédicte Fabien, directrice de la prospective et des études pour le cabinet. Paradoxalement, ils se construisent contre ce qui est à la mode... mais le sont devenus." relève-t-elle.
Le goût du kitsch, le bomo le partage avec une autre tribu décrite par Martine Leherpeur Conseil, les bolélés. Si le cabinet leur a choisi ce nom, c'est en clin d’œil au chanteur Carlos. Le bolélé s'est lui tapissé un univers de Côte d'Azur et de Caraïbes, de Pink Flamingo, de fête et d'ambiance tropicale. Si le tropical a jailli sur le podiums printemps-été 2013, le "bolélé" le porte en technicolor, quasi trash par l'overdose de couleurs et d'imprimés associés. Une cacophonie en all-over qui est "le nouvel ethnique" selon Bénédicte Fabien. "Les influences sont autant africaines que sud-américaines, reliant Miami, Mexico et Rio" ajoute-t-elle.
L'ambiance colorée est celle d'un dégradé cocktail Sunrise. En cosmétique, le "bolélé" amène le retour de la couleur punchy, des colorations cheveux roses ou bleues. Ses héroïnes sont des provocatrices, à la manière des chanteuses Rita Ora, Azealia Banks ou M.I.A.
Loin, très loin du bolélé, le cabinet Martine Leherpeur a nommé sa troisième tribu de néo-bourgeois les "cosbos", pour "cosmique". Plus transgénérationnel que les deux précédentes, elle regroupe des amateurs d'épures de 25 à 50 ans selon le portrait dressé. Ce qui les réunit ? Une esthétique avec quelque chose de futuriste, de spatial, mais avec un prisme particulier : celui du futur tel qu'on l'imaginait dans les années 60 ou 70. Ce futurisme est rond et positif, confortable et rassurant. Une utopie qui a pour marques icônes Balenciaga, Acne, Cos, Balmain, Céline ou Courrèges.
Ici, le monochrome règne. Le blanc est roi, réveillé par des flashs de couleurs électriques. Une épure dans la silhouette avec des volumes surprenants modelés par des matières comme le néoprène, le matelassé et toute autre matière à l'aspect technique mais moelleux comme un cocon. "Ces codes futuristes ont fait naître le look space hôtesse, avec sous-pull ou sweat néoprène, jupe tube, une géométrie aux contours adoucis qui fait de nombreux emprunts aux sportswear", commente Bénédicte Fabien.
En fil rouge de ces trois nouveaux profils isolés par Martine Leherpeur Conseil : une bonne humeur décalée, "réaction anti-morosité" selon l'agence.
Source FashionMag du 14 décembre 2012.
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